Recherches & budget pour préparer un visa vacances-travail (PVT) au Japon

Recherches & budget pour préparer un visa vacances-travail (PVT) au Japon

Qu'importe le pays de destination, entrevoir la possibilité de réaliser un bon moment à l'étranger est forcément tentant. Plutôt qu'un voyage touristique, on peut avoir bien plus de temps pour parcourir le pays ou s'immerger dans son rythme de vie.

Fruit d'accords signés entre la France et de nombreux pays, le Permis Vacances-Travail (PVT) ou Working Holiday Visa (WHV) est parfois la façon la plus simple de réaliser un voyage de ce genre. Ayant réalisé ce visa pour aller au Japon, je vous fait désormais part de mon expérience pour que vous puissiez réaliser à votre tour ce visa dans les meilleures conditions possibles.

⚠️ Tous les conseils et informations données dans cet article restent à titre indicatif, et peuvent devenir obselètes au fil du temps à partir de la publication de l'article. En cas de doute, référez-vous aux institutions officielles.


💭 L'idée

Nombreuses sont les raisons qui peuvent mener à la réalisation d'un visa de permis vacances-travail. Pour ma part, j'avais l'envie de me faire une idée concrète sur le pays - même si l'on reste loin de la vie d'un employé à plein temps - tout en parcourant une bonne partie de ce dernier. C'était l'occasion d'en découvrir des recoins moins connus, et surtout à un rythme bien moins rapide que ce qu'imposerait un court voyage touristique.

Touriste or not touriste

J'en viens donc à mon premier conseil qui est partagé par beaucoup : il n'est pas nécessaire de sauter sur le visa PVT avant même d'avoir pu expérimenter le pays au préalable, ne serait-ce que deux semaines, à travers les yeux brillants d'un touriste. On est tous passé par notre premier voyage où l'on s'émerveillait de la moindre chose banale, en se sentant plongé dans un autre monde, s'échappant des problématiques quotidiennes de notre pays d'origine. Bien sûr, difficile de vous reprocher cela vu la difficulté financière que représente un voyage vers ce pays : au contraire, profitez le plus possible de votre condition de touriste et gardez-en le plus de bons souvenirs possibles.

Cela dit, passer de 6 mois à 1 an en tant que résident au Japon vous nécessitera de considérer le pays dans son ensemble, c'est à dire comme une société pleine de bons et de mauvais côtés. Sans vous annoncer que la vie y soit terrible, plus modérée sera votre vision au préalable, moins vous aurez de chances d'avoir une "désillusion" une fois sur place, et vous vous sentirez mieux au quotidien.

Une chance unique

L'obtention et l'usage d'un visa PVT ne pouvant être réalisé qu'une seule fois dans sa vie, ce serait dommage de s'en servir comme substitution à un autre visa plus adapté à votre projet, juste pour éviter la demande d'un visa étudiant par exemple (ce dernier étant bien plus complexe à demander).

Une fois décidé sur la demande d'un PVT, il vous faudra prévoir : prévoir beaucoup et prévoir loin. De mémoire, j'ai commencé à travailler sur ce projet presque 2 ans avant ma montée dans l'avion. Une fois que l'idée était fixée entre les participants (plus l'on est de fous, plus on rit) alors le PVT allait rester dans notre esprit au quotidien afin de ne rien entreprendre qui puisse gêner le bon déroulement de ce projet. Chaque achat, chaque décision de vie ou de travail devait alors prendre en compte la réalisation de ce PVT.

Recherches culturelles et administratives, conception de l'itinéraire et du budget afin de créer et déposer le dossier à l'ambassade, si possible apprentissage du japonais jusqu'à un niveau minimum pour survivre au pays : voilà ce qui nous aura occupé pendant un bon moment.


🔍 Les recherches

Il faut avouer que grâce à mon expérience de développeur, j'ai acquis une certaine compétence dans la recherche d'informations. Mais malgré ça, la préparation de ce projet aura révélé certaines failles dans ma façon de rechercher, la première étant un mauvais équilibre dans le niveau de détail de mes recherches.

Le strict minimum à rechercher

Il y a cependant un fossé entre chercher les horaires d'ouverture du médecin le plus proche de votre hôtel, et arriver au pays comme un simple touriste visitant un parc d'attraction géant où vous croyez que les règles de la société ne vous toucheront pas. Avec un visa PVT, vous serez un résident japonais à part entière, et vous devrez être en règle envers l'administration à tout moment de votre voyage, sous peine de sanctions plus ou moins lourdes pouvant aller jusqu'au renvoi dans votre pays d'origine. Ne faites donc surtout pas l'impasse sur les recherches concernant ces choses là :

  • Resident Card 在留カード
  • MyNumber Card マイナンバーカード
  • Sécurité Sociale Nationale 国民健康保険
  • Système de Retraite Nationale 日本年金機構

Étant des sujets assez difficiles à rechercher de par l'évolution des informations les concernant, j'en dédierai un article avec mon retour personnel pour vous apporter un supplément d'information par rapport à ce que l'on trouve déjà sur internet.

Les recherches superflues

Bien qu'un minimum de préparation soit essentiel, je vous dirais tout autant qu'il n'est pas nécessaire de perdre du temps en allant trop loin sur des choses qui n'en valent pas le coup. Par exemple :

  • Les franchises de salles de sport, avec leurs tarifs et horaires d'ouverture : vu leur prix, autant préférer les salles de sport municipales sans abonnement.
  • Les net cafés : pour le peu que l'on en a besoin au quotidien, cela suffira de rechercher ça le moment venu.
  • Les sites web officiels des préfectures/mairies : pas nécessaire à moins que l'on y vive.
  • Les prix de certains trajets domestiques en avion : même pour se donner une idée, ils sont bien trop volatiles au fil de l'année.
  • Une liste de dizaines de restaurants, cafés et bars recommandés sur le net : franchement, s'ils ne sont pas dans les quartiers où l'on a l'habitude de traîner, on ne fera jamais l'effort d'aller s'excentrer juste pour un restaurant présenté par un nième influenceur.
  • Une liste trop exhaustive de temples, sanctuaires et parcs : garder de côté les lieux principaux suffira largement, il vous restera le plaisir d'en découvrir par hasard au fil de vos balades.

Les recherches qu'il manquait

À contrario, il y a certaines choses qui auraient pu être bonnes à chercher à l'avance, mais auxquelles je n'ai pas spécialement pensé :

  • Le fonctionnement des transports en "through service" : peut-être que cette superbe sharehouse à Tokyo n'est pas si invivable que ça si la station de train la plus proche vous permet d'aller sans changement sur une ligne de métro majeure ! Ne vous limitez donc pas aux grosses lignes majeures, voire aux gros quartiers, au risque de rater de bons logements. Attention bien sûr à la fréquence des trains et surtout à la fréquence de ceux qui faisant une correspondance sans transfert sur une autre ligne.
  • Les réels points d'intérêt des villes "touristiques" : plutôt que de partir en excursion tête baissée dans une ville, prenez le temps de vérifier si les points d'intérêt valent réellement l'effort et le coût. Vérifiez aussi comment y fonctionnent les transports en commun pour perdre le moins de temps possible sur place.

Comment et où rechercher

Tout d'abord, n'hésitez pas à rechercher à la fois en français et surtout en anglais. Lorsqu'un site touristique propose un version en anglais, c'est déjà une petite victoire tellement ça peut être rare, et surtout vous pourrez récolter l'expérience de nombreuses personnes ayant réalisée un PVT et venant de pays anglophones.

Pour cette pêche aux informations, je suis parti sur les sources suivantes, qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients :

  • Les vidéos touristiques officielles. Cela permet de rapidement capturer l'ambiance et la beauté d'un lieu, afin d'en juger rapidement l'intérêt, mais cela ne fait pas tout. Si un petit village quasi inaccessible ne propose qu'un sanctuaire et une cascade par exemple, choses qui sont loin d'être introuvables ailleurs, cela ne vaudra peut-être pas le coup de réaliser un détour trop contraignant en termes de temps ou de coût.
  • Les vidéos d'étrangers résidents. Soyons honnêtes à ce sujet : comme les agences touristiques, leur but pour la majorité d'entre eux (pas tous heureusement) est de vous montrer la meilleure face du pays, sans être politique car leur contenu doit rester un divertissement. Tirez-en ce qui semble intéressant, mais vérifiez toute assomption qui semble un peu trop enthousiaste sur les boutiques, restaurants, villes présentées. Et cela encore dans le cas où vous arriviez à identifier les endroits visités, car nombreux sont ceux qui ne daignent pas dire où ils vont.
  • Mes vidéos touristiques. Il faut bien faire un peu d'auto-promotion ! Blague à part, ayant pu visiter beaucoup d'endroits dont certains sont peu connus, j'espère qu'ils pourront vous inspirer pour votre itinéraire. Et vu que je pense à ceux qui regardent mes vidéos, j'indique toujours les coordonnées GPS (sous la forme de "plus codes") des lieux visités dans chacune de mes vidéos.
  • Les sites touristiques officiels. Forcément de bonnes sources d'information, bien qu'ils peuvent être difficiles à trouver, voire indisponibles en français ou en anglais. Là aussi, chaque endroit tentera de se montrer sous son meilleur jour et fera une liste exhaustive des points d'intérêts, mais à vous de vérifier si chacun valent l'effort nécessaire pour les visiter.
  • Le site de l'office du tourisme japonais (JNTO). N'allez pas croire que cette institution officielle ne parle que des endroits les plus populaire : bien au contraire ! Chaque recoin du Japon y est souvent très détaillé, avec de superbes pages explicatives sur la moindre ville ou le moindre point d'intérêt.
  • Les fascicules papiers officiels. A mon avis, une source très sous-estimée, et que vous pourrez trouver en grande partie dans les conventions et expositions. Très souvent écrits en anglais voire parfois en français, c'est un excellent moyen pour les villes ou lieux touristiques de vous montrer de la façon la plus efficace possible ce qu'ils peuvent vous proposer. Pour en avoir récolté des dizaines, concernant des lieux répartis sur tous les pays, beaucoup m'ont fait découvrir des endroits pas spécialement très connus ou visibles sur internet, mais qui ont clairement valu le détour.
  • Les blogs. Tout en modérant chaque expérience et chaque avis personnel, cela reste une excellent moyen de se renseigner sur de nombreux sujets, certaines personnes partageant souvent des informations du quotidien plus rares à trouver sur internet par exemple.
  • Les groupes Facebook. Bien que cela impose d'utiliser Facebook, ces groupes ont l'avantage de regrouper des personnes aux profils très variés qui pourront donc vous apporter une expertise et des expériences différentes sur des questions que vous pourriez vous poser. L'entraide est bien sûr de mise si lorsque vous pourrez, à votre tour, partager votre expérience.

Afin de prendre des notes à partir de tout cela, j'ai créé un bloc OneNote. L'avantage, en plus de gagner du temps face à du papier (car ça a été un document vivant et enrichi même une fois au Japon), est d'avoir à disposition les informations sur n'importe quel appareil, même mon smartphone. Et croyez moi, pendant une année avec des bagages à l'espace limité, vous n'aurez pas envie de garder 4kg de carnets de voyage sur vous.

Voilà un exemple de hiérarchie pour votre bloc-notes, avec ce que peut contenir chaque page.

  • Prologue
    • Avion : la comparaison des compagnies aériennes sur leur confort, leur desserte, leur politique tarifaire (modification/annulation), leur SAV... écrivez-y ensuite les détails de votre billet France-Japon une fois acheté
    • Adminsitratif : que faire au niveau de votre travail (Pôle Emploi...), de la sécurité sociale française (mutuelle à résilier...), comment suspendre votre ligne téléphonique mobile ou votre abonnement au cinéma, comment prévenir votre banque et les impôts, vérifier si vous êtes à jour sur le calendrier vaccinal français, comparer les assurances privées PVT
    • Visa : tout le processus pour écrire puis déposer votre dossier de demande de visa à l'ambassade ou au consulat le plus proche de chez vous
    • Cours de Japonais : comparaisons entre des écoles françaises de langue (dates de rentrées, tarifs) si vous comptez prendre des cours avant le départ
    • Applications : liste d'applications iOS ou Android utiles une fois sur place (traducteurs, cartes, prévention des désastres naturels...)
    • Valise : liste détaillée (et avec cases à cocher) de tout ce que vous voudriez prendre dans vos bagages, avec dans un coin la liste des objets interdits par la douane japonaise
  • Arrivée - Départ
    • Départ (FR) : check-list des choses à avoir sur soi avant d'aller à l'aéroport, numéro du comptoir d'enregistrement des bagages en soute, terminal de départ du vol, et si possible plan de aéroport
    • Arrivée (JP) : ce qu'il faut remplir dans le formulaire de déclaration aux douanes japonaises, se rappeler qu'il faut dire à la frontière que l'on a un visa PVT pour ne pas être mélangés aux touristes sans visa, la check-list des choses à faire une fois les bagages récupérés (carte SIM et carte de transport à acheter...)
    • Départ (JP) : pareil que ci-dessus
    • Arrivée (FR) : pareil que ci-dessus
  • Quotidien
    • Administratif : l'obtention et le fonctionnement de la Resident Card, les procédures à suivre en cas de déménagement d'un logement stable à un autre, ce qu'il faut faire si l'on perd la carte, fonctionnment de la carte MyNumber, détails sur le système de retraite nationale, détail des procédures administratives dans les mairies de quartier
    • Sécurité sociale : détail du fonctionnement de la sécurité sociale nationale, comment y adhérer, comment son remboursement peut être complété par l'assurance privée PVT
    • Calendrier : jours fériés nationaux et saisons hautes touristiques, événements nationaux importants
    • Transports : détail du fonctionnement des trains, passes de réductions, compagnies de bus de nuit, détail et comparaison des compagnies aériennes domestiques (tarifs, poids et dimensions maximum pour les bagages)
    • A voir, à faire : les sites spécialisés sur lesquels chercher des choses précises (concerts, onsen, restaurants...), liens touristiques utiles
    • Urgence : liste des numéros d'urgence nationaux, avec si possible les numéros locaux qui pourraient être multilingue (à Tokyo ou Osaka par exemple)
      • Police : que faire lors d'un appel à la police ou lors d'un contrôle d'identité, mesures de précautions à prendre envers les sectes et les rabatteurs
      • Pompiers - Ambulances : que faire lors d'un appel aux urgences, où aller et comment faire pour une consultation dans une clinique (médecin) ou un hôpital (urgences), liste des aliments dangereux (poissons trop frais...), liste des insectes dangereux et les précautions à prendre en cas de piqûre
      • Catastrophes naturelles : manuels officiels de préparation aux désastres naturels, où et comment s'informer en anglais (télé, radio FM locale diffusant en anglais dans ces cas là), site web où confirmer sa sûreté auprès de ses proches, cartes de services aux réfugiés
    • Consommation : liste des marques d'hypermarchés, supermarchés et konbini, avec pour chacun la description de leurs spécialités, avantages/inconvénients...
      • Franchises : liste des marques de restaurants, de divertissement (karaoke et arcade) avec leurs particularités
      • Produits : liste de produits utiles au quotidien pour des cas précis (ménage, literie, pour l'été ou l'hiver...)
      • Médicaments : liste des médicaments déjà utilisés en France selon leur molécule, avec les doses françaises, puis traduction de la molécule en japonais avec les médicaments japonais qui la contiennent
    • Logements : liste des grandes compagnies de sharehouses (avec pour chacune les avis récoltés à leur sujet sur internet, leurs frais et conditions de départ...), liste des grandes franchises d'hôtels
    • Travail : conseils au sujet de la recherche d'un baito, sites japonais d'annonces où rechercher, comment rédiger son CV japonais
    • Banque : comparatif des différentes banques accessibles à l'arrivée (càd avant 6 mois de résidence), comment y souscrire, détail de comment l'argent mis de côté en France sera transféré et/ou utilisé au Japon, liste des réseaux de distributeurs de billets acceptant nos CB ou non, liste des cartes porte-monnaie électroniques utiles
    • Téléphone : comparatif des opérateurs mobiles et leurs conditions d'inscription, liste des fréquences 3G/4G japonaises comparées aux françaises, liste des cartes SIM prépayées disponibles en attendant de pouvoir souscrire à un vrai forfait
    • Connaissances
      • Géographie : cartes du Japon découpé par régions puis par préfectures
      • Manières : liste de bonnes manières à suivre (dans la mesure du possible)
      • Lexique : vocabulaire administratif ou quotidien important à retenir

Ça en fait des pages à préparer et à écrire ! Mais encore une fois, à moins que vous ne prévoyiez un PVT très simple, tout cela est à mon avis nécessaire pour vous assurer une tranquillité d'esprit une fois sur place. Pour chaque ville où vous souhaiteriez vivre un petit moment ("lieu de résidence stable" au sens administratif), je vous conseille d'organiser les pages à leur sujet comme ceci :

  • Informations : une carte de la ville, une liste des quartiers les plus populaires ou intéressants à visiter
  • Transports régionaux : les (parfois nombreuses) compagnies de transport desservant la région, afin d'au moins connaître leur nom ainsi que les endroits desservis par ces dernières
  • Transports "intramuros" : les compagnies de transport pour se déplacer dans la ville (bus, métro, tram, train...) avec leurs éventuels passes de réduction
  • Sharehouse : les détails de votre sharehouse (une fois que vous l'aurez choisie) avec adresse, transports à proximité, horaires des derniers trains depuis les gros quartiers pour rentrer chez vous, konbini et supermarchés les plus proches, refuge où aller en cas de désastre naturel...
  • Logements : une liste de quelques sharehouses qui pourraient vous convenir, avec de préférence les conditions de chacune d'entre elles (caution, engagement minimum, coût de la literie, durée du préavis de sortie...)
  • Sport : équipes locales des pricipaux sports, liens de meetups pour faire du sport en individuel, endroits où faire du sport en extérieur, gymnases municipaux
  • Evénements : liste d'événements annuels : festivals traditionnels, festivals de musique, conventions de sous-culture (JV, manga, anime...)
  • Excursions : liste de villes alentours à visiter, avec leur position, leur site internet, les points d'intérêt qui s'y trouvent, et une estimation de la durée/prix pour y aller
    • Courte distance
    • Moyenne distance
    • Longue distance
  • Points d'intérêt
    • Restauration : quelques bars, cafés, restaurants ou stands à emporter qui peuvent valoir le coup d'y manger
    • Extérieur : parcs, plages, temples et sanctuaires, sources chaudes, puis quelques quartiers et rues commerçantes notables
    • Divertissement : tours et observatoires, salles d'arcade ou de karaokés, planétariums, parcs d'attractions
    • Culture : musées et live houses (salles de concerts)
    • Shopping : grands centres commerciaux (grands magasins) de la ville, supermarchés et boutiques indépendantes originales

👛 Le budget

Voilà un sujet complexe et assez délicat. Prévoir un budget sur une année dans un pays que l'on connaît peu est déjà bien difficile, alors faire cela sans savoir exactement combien d'argent rentrera dans vos poches rends la chose forcément plus périlleuse.

Votre budget, composé de vos économies propres et de ce que vous pourriez éventuellement gagner sur place à l'aide d'un baito (petit boulot), définira en conséquence ce que vous pourriez réaliser ou non pendant votre PVT. Vouloir passer la moitié du temps d'hôtels en hôtels ne demandera pas la même capacité de dépense que si vous décidez de vivre dans le dortoir d'une sharehouse dans un petit village reculé. Aussi, les lieux où vous séjournez détermineront grandement votre capacité à travailler selon la demande et l'offre du marché des baito à ces endroits.

Vivre à Fukuoka coûtera par exemple bien moins cher qu'à Tokyo, mais un baito y sera probablement plus compliqué à trouver car ce n'est pas (encore) une ville habituée à avoir beaucoup de résidents temporaires étrangers (en dehors des étudiants et stagiaires, disons). Vous y serez aussi forcément payé un peu moins cher qu'à Tokyo, mais c'est en corrélation avec le coût de la vie qui y est moins élevé.

Pareillement, faites attention lors de la conversion de prix en yen vers l'euro pour avoir une idée du "coût" de quelque chose, car la différence de niveau de vie influe également là-dessus : il vaut mieux penser dès le début en yen dans sa tête. Plutôt que de vous dire qu'une partie d'arcade à 100¥ ne vous "coûte" que 0,7€, dites-vous que c'est l'équivalent strict d'1 euro.

Sur le travail en baito

Sur ce sujet, je vais être franc avec vous quitte à vous effrayer : trouver un baito est TRÈS DIFFICILE. Il n'est "facile" de trouver un baito que sous l'une de ces deux conditions : soit c'est une opportunité rare et/ou vous aviez eu les bons contacts au bon moment, soit c'est un travail "difficile".

Bien sûr qu'à Osaka vous pourrez trouver un petit restaurant tenu par un français qui voudra bien vous prendre, ou encore qu'un petit izakaya indépendant voudra bien monopoliser vos soirées de 20h à minuit et ce qu'importe que vous ayez une barbe ou des cheveux teints, bien sûr qu'assister sur des chantiers de construction toute la journée avec parfois des heures supplémentaires est un travail largement ouvert aux étrangers parlant peu japonais...

Mais au delà de ces exemples, si vous n'avez pas un VRAI niveau de japonais (c'est à dire pouvoir comprendre une mamie qui vous énumère rapidement sa commande sans articuler), il y aura de grandes chances que l'on préfère encore embaucher un étudiant étranger. Malheureusement, McDo ne portera pas d'intérêt ni dans votre anglais bilingue ni dans votre master en commerce international si vous n'arrivez pas à comprendre des ordres ou à lire des étiquettes de produits.

Je préfère que vous soyez agréablement surpris si vous arrivez à trouver une bonne opportunité, plutôt que vous soyez surpris une fois confronté à la difficulté de la chose. Je parlerai de la recherche d'un baito dans un article dédié.

Savoir prévoir l'imprévu

Ceci étant dit, si je vous dirais ce conseil : même en écrivant sur votre budget des "revenus estimés" en travaillant quelques heures de baito par-ci par-là (de préférence au maximum 28h par semaine pour montrer à l'ambassade que le travail n'est pas votre priorité), vous devriez être capable d'assurer votre année dans le cas où vous n'ayez aucun revenu. Soit en réduisant certaines dépenses par exemple, soit en prévoyant la possibilité de revenir en France de façon prématurée. L'option d'emprunter de l'argent existe aussi, mais préférez faire ça à la rigueur auprès de votre famille plutôt qu'à une banque française, nul ne sait si vous arriverez à avoir rapidement des revenus stables à votre retour dans votre pays d'origine.

Prévoyez et calculez donc toutes les possibilités. Prévoyez qu'une pandémie mondiale surgit et que les embauches ralentissent, que les divertissements ferment un bon moment, pourriez-vous dans ce cas subvenir à vos besoins ? Déménager dans une autre ville où la vie est moins chère ? etc.

Pour mon cas, je n'ai pas pu tenir mon budget. Sur mon année, je vivais en grande partie dans un lieu fixe et j'avais prévu d'en profiter pour travailler. Rien qu'à Fukuoka, le temps de trouver un travail, il ne me restait plus que 3 semaines pour travailler avant de devoir déménager. Une fois à Tokyo, mes journées de travail m'étaient données de façon trop irrégulière pour ramener assez d'argent. Même en étant parti au Japon avec plusieurs milliers d'euros de côté, ça n'aura pas suffi à couvrir toute mon année. Avoir une famille qui a pu m'avancer des sous pour ne pas me voir rentrer prématurément a clairement été une chance. J'espère donc qu'au niveau financier, votre PVT se passera mieux que le mien, et c'est justement le but de cet article.

Passons à des infos concrètes pour vous aider à établir un budget avec des exemples de dépenses :

  • 🏠 Loyer (charges incluses) d'une chambre privée dans une sharehouse classique à Tokyo : 60.000~80.000¥ /mois
  • 📞 Forfait mobile voix + internet 20Go (LINEMO) : 2.728¥ par mois
  • 🚃 Transports du quotidien et excursions (hors Shinkansen) à Tokyo : ~20.000¥ /mois
  • 🚃 Transports du quotidien et excursions (hors Shinkansen) à Osaka : ~14.000¥ /mois
  • 🚃 Transports du quotidien et excursions (hors Shinkansen) à Fukuoka : ~18.000¥ /mois
  • 🍚 Gyudon aux trois fromages taille "standard" (Sukiya) : 630¥
  • 🍝 Pâtes carbonara + drink bar (Saizeriya) : 700¥
  • 🍜 Tonkotsu ramen sans suppléments (Ichiran) : 890¥
  • 🍔 Menu best of (équivalent) avec un Big Mac : 690¥
  • 🍱 Bento dans un supermarché ou konbini : 300~600¥
  • 🍺 Cannette de bière Asahi Super Dry en konbini : 220¥
  • ♨️ Entrée dans un super onsen haut-de-gamme : 1.500¥
  • ♨️ Entrée dans un super onsen standard : 750¥
  • ♨️ Entrée dans un sento (hors éventuel supplément sauna) : 450¥
  • 🕹️ 1 partie en salle d'arcade : 100¥
  • 🕹️ 1 partie de purikura (divisible par le nombre de participants) : 400¥

🗺️ L'itinéraire

Partie intégrante de votre dossier de demande de visa, il vous faudra détailler tout le parcours que vous voudrez idéalement faire selon votre budget : les villes où vous logerez, les endroits que vous voudriez visiter, etc.

Cependant, les ambassades n'iront pas vérifier que votre itinéraire respecte certaines règles qui vous sont dues en tant que résident japonais à part entière :

  • Lors d'un emménagement dans un "lieu de résidence stable", vous devez aller à la mairie de quartier appropriée pour y "emménager" administrativement parlant
  • Vous ne pouvez pas rester plus de 90 jours sans logement stable : cette durée commence d'abord à partir de votre premier jour sur le territoire, puis recommencera à chaque fois que vous déménagiez administrativement d'une ville

N'ESSAYEZ JAMAIS DE CONTOURNER CES RÈGLES. Toute transgression à ces règles pourra être un motif de révocation de votre statut de résident, avec en prime un retour forcé dans votre pays d'origine. Un roadtrip en vélo/camping-car de plusieurs mois sans aucune résidence stable, ou un travail dans un métier ou un lieu "contraire aux bonnes mœurs", sont des exemples de choses interdites. Visitez la page des Q&A de l'agence des services d'immigration du Japon pour plus de détails.

Premier conseil important : prévoyez un emménagement dans un lieu de résidence stable dans les 14 jours suivant votre arrivée au Japon, et ce qu'importe l'itinéraire que vous ferez ensuite. Je parle bien sûr d'un vrai logement où vous pourrez y habiter administrativement, pas d'une capsule ou d'une chambre d'hôtel : consultez mon article sur les logements pour bien en comprendre les différences. Sans cette "résidence stable", impossible pour vous de faire les démarches essentielles à votre vie au Japon, et dont certaines sont obligatoires.

Mon deuxième conseil : essayez de prendre le temps de vous balader de ville en ville, sans avoir à faire d'aller-retour depuis votre logement stable, car cela peut vous revenir bien moins cher, en plus d'être une belle expérience de voyage dans des contrées un peu reculées mais avec un réel intérêt touristique pour autant.

Profitez-en également pour éviter le plus possible le Shinkansen (parce qu'il coûte cher) en passant plutôt par de petites lignes ferroviaires, et parfois plus scéniques, ou en utilisant des bus de nuit, des avions domestiques, etc.

Dans le cas où vous préféreriez loger au même endroit toute l'année, c'est bien sûr possible, bien qu'un peu dommage à mon avis vu le temps qui vous est offert par le visa PVT.

Les démarches administratives

Le temps de faire votre emménagement administratif à la mairie, et surtout le temps de recevoir une tonne de documents administratifs (carte de notification MyNumber, carte de sécurité sociale, papiers de retraite...), je vous conseille d'habiter à votre première résidence stable au minimum 1 mois, voire 2 mois si vous désirez commander une carte à puce MyNumber "définitive". Pareillement, pour ouvrir un compte en banque ou une ligne téléphonique, il vous faudra forcément habiter quelque part.

Même si cela peut vous sembler superflu voire inutile selon votre situation, je vous conseille très fortement d'avoir un numéro de téléphone mobile, un compte en banque, et une carte à puce MyNumber définitive, afin d'être tranquille pour le reste de votre voyage.

Posséder ces trois choses pourront énormément vous aider en cas de galère : pour prendre un exemple au hasard, lors d'une pandémie mondiale qui mène le gouvernement à verser 100.000¥ à tous les résidents japonais, nécessitant un compte en banque et pouvant être plus rapide à l'aide d'une carte à puce MyNumber.

Le travail WOOFING / Au pair

Pour ce qui est du travail en WOOF(ING) et du travail "au pair", qui sont je le rappelle un travail rémunéré en nature (logement et repas), vous restez logiquement conditionnés à travailler la plus grande partie du temps, et ce probablement pas en plein Tokyo. Ces formes d'embauche d'étrangers sont en partie là pour combler un gros déficit de main d'œuvre dans certains domaines, et ce sans avoir à sponsoriser de visa ou verser le moindre salaire : quelle aubaine !

Malgré ça, c'est un moyen de d'être en immersion dans une population rurale ou de s'essayer à des métiers physiques. Pourquoi ne pas en faire que quelques mois sur l'année qui est à votre disposition, afin de diversifier votre expérience ?


📜 La lettre de motivation

Vous vous en doutez sûrement, la lettre de motivation est une partie importante de votre dossier de demande de visa. Bien que ça ne soit pas la chose la plus difficile à écrire, voici quelques conseils pour vous aider.

Déclinez d'abord votre identité puis expliquez que la présente lettre a pour but de préciser les raisons qui vous ont mené à préparer puis demander le visa PVT. Sans non plus tomber dans le cliché du fan d'animes ou de gastronomie, vous pouvez bien sûr expliquer brièvement d'où vient votre intérêt pour le Japon, et comment cet intérêt a évolué jusqu'au point de vouloir visiter le pays pendant 1 an.

N'hésitez pas à parler de toute précédente expérience de voyage, montrant ainsi votre ouverture sur le monde et votre curiosité en tant que touriste. Tout précédent voyage au Japon sera un plus, car cela appuiera votre envie de découvrir plus en détail le pays en ayant plus de temps, par exemple.

Vous pouvez aussi détailler brièvement par quels moyens vous aviez réalisé vos recherches préalables, en parlant de conventions ou de sites web officiels plutôt que de blogs ou d'influenceurs. Cela montrera que vous avez réalisé vos recherche avec sérieux et que votre voyage devrait se réaliser sans trop de soucis.

Ensuite, chose importante, dites bien que cette année au Japon ne représente qu'une "pause" dans votre vie, dans votre carrière, destinée à vous dépayser loin de chez vous, avant de finir par revenir dans votre pays d'origine. Entre nous, si ce n'est évidemment pas votre cas et que vous souhaitez juste utiliser le visa PVT pour un autre objectif : gardez-le pour vous. Si vous partez à plusieurs, précisez-le en disant que c'est l'occasion de mutualiser des frais et donc d'avoir un voyage un peu moins coûteux à terme.


💼 La demande de visa

Lorsque vous vous sentirez prêt, il ne vous restera plus qu'à rassembler toutes les pièces nécessaires à l'établissement de votre dossier de demande de visa, avant de prendre rendez-vous auprès de l'Ambassade du Japon ou du Consulat rattaché à votre lieu d'habitation en France.

La page dédiée au PVT sur le site web de l'Ambassade est suffisamment explicite pour réaliser votre dossier. N'attendez évidemment pas le dernier moment pour demander votre visa avant votre date de départ espérée, et prenez rendez-vous pour le dépôt de votre dossier au moins quelques semaines en avance.

Une fois votre rendez-vous fixé, empressez-vous de prendre rendez-vous chez votre médecin traitant pour le certificat médical, et demandez le plus tôt possible le justificatif financier sous forme papier à votre banque : selon les retours de nombreuses personnes sur internet, cette procédure peut être parfois immédiate en agence, mais peut prendre jusqu'à plusieurs semaines selon les banques après un processus fastidieux !

Si vous souhaitez un vol le moins cher possible, il faudrait idéalement l'acheter au moins 6 mois avant votre départ. Privilégiez l'achat direct chez une compagnie aérienne sans le moindre intermédiaire vous promettant des options magiques ("open ticket", "flex"...) et prenez bien sûr un billet annulable et modifiable car il vous faudra repousser le vol retour pour avoir au total 1 an entre l'aller et le retour.

L'important à mon avis pour que tout se passe bien, est de montrer votre confiance et votre détermination à travers l'itinéraire, le budget et la lettre de motivation de votre dossier.


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